Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

Dans une petite ville d’Alabama, à l’époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche.

Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 – au cœur de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis -, connut un tel succès. Mais comment ce roman est-il devenu un livre culte dans le monde entier ? C’est que, tout en situant son sujet en Alabama dans les années 1930, Harper Lee a écrit un roman universel sur l’enfance. Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cette histoire tient du conte, de la court story américaine et du roman initiatique.

Mon avis : 

Scout, 6 ans au début du roman, et son frère Jem vivent à Maycomb, en Alabama, et sont élevés par leur père, Atticus Finch, un avocat. Scout et Jem ont un voisin un peu particulier, Boo Radley, qui ne sort plus de chez lui depuis une bêtise de jeunesse. Le grand jeu de Scout, Jem et leur ami Dill est alors de faire sortir Boo Radley de chez lui. Mais dans le même temps, un incident bien plus grave agite la petite ville de Maycomb : Tom Robinson, un Noir, est accusé d’avoir violé une jeune fille blanche. L’avocat de Tom Robinson est Atticus Finch, ce qui est loin de plaire à tout le monde, car Atticus cherche réellement à défendre son client. Jem et Scout vont devoir s’adapter à cette situation difficile.

J’ai eu un peu de mal à me lancer dans ce roman. Les Etats-Unis des années 1930 ne sont pas un terrain familier pour moi, et j’ai parfois eu du mal avec les références à l’histoire de ce pays, et ce malgré les notes de bas de page. Ensuite, j’avais beaucoup entendu parler de ce livre, et j’avais lu le résumé. Or, on ne comprend que tardivement le lien entre l’histoire tournant autour de Boo Radley et l’affaire du procès.

Et puis j’ai arrêté de chercher des explications qui ne venaient pas, et je me suis glissée dans l’histoire. J’ai beaucoup aimé la façon dont elle est racontée, du point de vue de Scout. L’écriture oscille entre la naïveté et la compréhension des choses de Scout enfant, et une maturité qui semble en décalage avec l’âge de la petite fille, mais qui nous rappelle que l’histoire est racontée par une Scout plus âgée (comme on l’apprend dès la première page). On ne comprend pas tout, on déduit certaines choses, et on ressent les choses comme les ressent Scout. J’ai aimé ce mélange entre la naïveté, l’innocence, et la gravité. L’histoire est vivante, le contexte est bien posé et les personnages bien cernés et décrits : j’ai un coup de cœur pour Atticus, Scout est génial en narratrice, et il ne faut pas oublier Miss Maudie ou Calpurnia !

Le procès est pour moi le meilleur moment du livre, permettant de voir les méthodes judiciaires, le poids des préjugés,… Enfin, le roman aborde plusieurs thèmes : le racisme, la place des femmes dans la société,… C’est roman qui, sous un aspect un peu léger et décontracté, fait réfléchir.

La fin m’a surprise, m’a tenu en haleine et a répondu à certaines de mes interrogations. Mais j’aurai adoré que le roman continue un peu plus, pour connaitre ce qui se passe après l’événement de la fin, pour connaitre les réactions des habitants de Maycomb. Ne vous méprenez pas : c’est simplement là une curiosité de lectrice, la fin en étant réellement une, elle se suffit à elle-même. On peut dire que la boucle est bouclée.

Bref, une entrée en matière un peu difficile, qui se fait très rapidement oublier devant la maitrise d’Harper Lee. Et surtout, un gros coup de cœur pour le style de l’auteur.

Informations : 

Titre VO : To kill a mockingbird


Auteur
: Nell Harper Lee dite Harper Lee est née en 1926 dans l’Alabama. Écrivaine américaine, elle est particulièrement connue pour son unique roman Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur qui a obtenu le Prix Pullizer en 1961. Vendu à 30 millions d’exemplaires, ce livre est un classique de la littérature américaine, étudié à ce titre dans de nombreux collèges et lycées des États-Unis, et régulièrement cité en tête des classements des critiques et libraires. (source : Livraddict)

Harper Lee

Traducteur : Isabelle Stoïanov

Édition : Livre de poche

Date de parution : 2006

Nombre de page : 447 p.

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